
En 2018, GPL vivait à la fois son 20ème anniversaire et la fin d’un cycle dans les ligues francophones, puisque la monumentale ligue F1 Legends prenait sa retraite définitive à la fin d’une saison épique.
Des regrets et des hommages affluèrent et puis, Rookie, infatigable passionné de notre simulation préférée, proposa une alternative pour poursuivre un championnat dédié au mod67. Grâce à plusieurs pilotes qui ont répondu présents, l’aventure s’est donc poursuivie en reprenant les points essentiels du règlement de F1 Legends.
Évidemment nous sommes dans un championnat plus artisanal, où il faut mettre un peu du sien pour que ça fonctionne correctement. Avec les moyens du bord et de la passion, nous voici donc arrivé à la première manche de ce nouveau championnat.
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- Grand-père, grand-père, c’est quoi ce truc blanc là sur les bas-côtés. - Ça ! C’est de la neige, mon enfant. - De la quoi ? - De la neige. - Beuah !!! C’est quoi de la Neugeu ? Ça se mange. - Pas du tout. Il y a très longtemps, en France, quand c’était l’hiver, il faisait froid et il arrivait qu’il neige, même à Rouen, en Normandie ! Et donc là ton projecteur mental à neurones courtes te montre une course de Formule 1 qui se déroule dans la neige. - De quoi ? - De Formule 1. De voiture de course, si tu préfères. - Euh c’est quoi une voiture ? - OK laisse tomber, mange ta salade de grillons aux algues et arrête de m’emmerder !
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Lorsqu’il ouvre la portière, une odeur de cigare s’évapore en volute pour rejoindre le ciel bas et glacial. De sa démarche assurée, il fait le tour de sa voiture et contemple avec satisfaction les lignes pures de sa toute nouvelle acquisition. Pinifarina est décidément un designer de génie. Cette 504 coupé est un chef d’œuvre. Et ce n’est pas Patrick Cornu qui dira le contraire. Il retire ses lunettes de soleil, esquisse un sourire, tapote une dernière fois le capot agréablement chaud et part en direction du paddock.
Il est confiant pour la course qui va se dérouler bientôt. Son principal adversaire est ce coriace volatile, Titi Douet. D’ailleurs, aux qualifications, il a fallu qu’il sorte un temps sous les 1.56 à bord de l’Eagle pour se mettre à l’abri et garder la pole devant la Lotus de Titi.
Mais désormais les choses sérieuses vont commencer.
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La neige ne tombe plus. Les 12 pilotes qui ont pris part à la course de ce dimanche 17 février regardent fixement le drapeau qui se lève. Les moteurs vrombissent, les châssis sautillent, prêt à avaler les prochains hectomètres de bitume avec une rage dévorante.
Le drapeau se baisse brusquement. Patrick ne perd pas une seconde, mais... mais... rien ne se passe comme prévu. Le Westlake, engourdi par la fraîcheur hivernale, s’enrhume et éternue brutalement avant de s’éteindre dans un râle de fumée.
Derrière, les pilotes réagissent plutôt bien malgré quelques frayeurs. Michel Fournié perd tout de même une place au profit de Dave qui se retrouve propulsé à la seconde place. C’est d’ailleurs dans le cockpit de ce dernier que la course aura été la plus passionnante.
Après l’abandon de Patrick, les aisselles de Jean Narrash sont elle aussi restées sèches, puisqu’il a été rapidement poussé à l’abandon après une touchette de Gilles Renaud au Nouveau Monde. La voiture est trop endommagée pour espérer rallier l’arrivée et il la range proprement quelques mètres plus loin.
Pour Eric Bilodeau au volant de sa Brabham, ça sentait la grosse satisfaction d’une course disputée. Durant les quatre premiers tours, il n’a pas lâché Alain Terremer et avait la présence constante de Gianni dans ses rétroviseurs. Au tour 4, le moteur de sa Brabham rejoint un autre monde en sortant du Nouveau Monde. Vous suivez... Non ! Comprenez qu’Éric sort les après-ski qu’il avait consciencieusement rangés dans son cockpit et rejoint les paddocks à pied en coupant par la forêt pendant que sa Brabham gît sur les bas-côtés en attendant la dépanneuse.
Donc, après 4 tours de course, Titi (Lotus) mène la course devant Dave Rainier (Ferrari), Michel Fournié (Brabham), Alain Terremer (Eagle), Gianni Alvaro (Brabham). Plus loin, on retrouve à la sixième place, en petite forme, Alain Maurice (Ferrari) puis Dave Mustaine (Brabham), François Fk (Eagle) et Gilles Renaud (Eagle).
Dave Rainier qui tenait bien sa place devant Michel semble avoir opté pour un set assez nerveux qui va lui causer quelques frayeurs durant la course. La première va avoir lieu dès le tour 4 à la sortie de la Scierie où l’arrière chasse trop fort et l’oblige à laisser passer Michel puis Alain. Gianni juste derrière n’en perd pas une miette. A partir de cet instant, Alain, Dave et Gianni vont offrir aux rares spectateurs engourdis dans la neige une bataille féroce.
Chacun a ses passages préférés et ses moments de méfiance sur ce circuit piégeur. Et pour Dave et Alain, les moments de l’un correspondent aux délicatesses de l’autre. C’est le cas de la courbe de l’étoile. Au tour 12, Dave toujours à l’aise à cet endroit passe Alain qui ressort mal de cet enchaînement. Avant Grésil, ce dernier n’insiste pas et laisse la place à la Ferrari. Au tour 13, Gianni s’est suffisamment rapproché d’Alain. Alors qu’il freine au bon repère avant Samson, il oublie de freiner autant que d’habitude et laisse de précieux dixièmes s’échapper. Tout le travail est à refaire.
Au tour 14, Dave en délicatesse au freinage du Nouveau Monde évite le pire. Le pilote expérimenté se positionne parfaitement pour laisser passer Alain et repartir juste derrière lui. Au tour 16, alors que Dave recolle fort. On assiste à un copier-coller du tour 12. Si, Si, souvenez-vous. Courbe de l’étoile + Alain mal en point + Dave au taquet = dépassement sans coup férir.
Mais à la Scierie suivante, Alain souvent plus fort à ce freinage que Dave se fait légèrement surprendre. Les deux bolides se touchent sans gravité. Sauf que Gianni qui avait déjà repris quelques dixièmes sur le duo se retrouve propulsé à la troisième place. Dave repart devant Alain et perd un peu moins de temps dans la manœuvre.
Au tour 18, Dave a déjà comblé son retard. Gianni ne semble pas à l’aise dans le rôle du lièvre et laisse passer Dave. Est-ce un cadeau ? Pas forcément car aussi sec, il réalise des boucles quasi similaires aux temps de Dave, la boucle 19 restera d’ailleurs son meilleur tour : 2.01.034s. Quant à Alain, il est remonté comme une pendule. Lui aussi réalise son meilleur tour à la boucle 19, sauf que ce temps est une seconde plus rapide que le duo : 2.00.155s. A ce rythme, il recolle dès le tour 20. Au tour 21, Dave réagit à la pression en balançant un temps similaire à celui d’Alain : 2.00.360s.
Un autre événement va aider Dave à se sortir de la pression. Au tour 22, Titi Douet solide leader qui tourne 4 secondes plus rapide que tout le monde va lapper Alain puis Gianni qui va perdre du temps après Samson. Alain revient fort et ressort bien de la courbe de l’étoile. Si, si, il en est capable, il vient de nous le prouver. A Grésil, le Westlake donne la migraine au plus faiblard Repco de Gianni. Avant la scierie Alain est déjà devant mais il perd un peu ses habitudes, freine pas assez fort et part refroidir quelques instants ses pneumatiques. Dès le tour suivant (tour 23), Alain retente le coup mais ce coup-ci avec un freinage parfait, bien qu’on a senti qu’il n’aurait pas fallu freiner plus tard.
Ce dernier événement sonne le glas du combat entre Gianni et Alain, quant à Dave il a déjà pris la poudre d’escampette. Les dernières boucles seront plus calmes pour les trois compères.
Pour les autres pilotes, Gilles Renaud, dernier, n’arrivera jamais à trouver la mesure de ce circuit et terminera avant le tiers de course par un abandon. Un set up pas assez adapté sans doute, des discussions avec ses mécaniciens vont être nécessaires pour se sentir plus à l’aise. François Fk va connaître quelques déboires. Au tour 16, alors qu’il semblait avoir trouvé le bon dosage entre attaque et prudence et qu’il recollait sûrement sur Dave Mustaine, son Eagle ne verra jamais Six Frères, partie vagabonder dans la forêt. Dave Mustaine et Alain Maurice auront une course bien terne et solitaire avec quelques frayeurs qui ne les inciteront pas à essayer de se projeter vers l’avant mais plutôt à préserver ce qui peut être préservé : voir le drapeau à damier.
En tête de course, Titi sans concurrent a fini par compter, à défaut de moutons, les flocons de neige. Alors que la victoire lui tend les bras, qu’il vient de passer Dave et qu’il peut se permettre des tours de sénateur le coude à la portière, il fait une bourde dans la courbe de l’étoile. Il se déséquilibre, chasse et, comme nous, reste spectateur des événements, au lieu de la recette miracle accélérateur + frein, ses petits bras musclés s’évertuent à contre-braquer bêtement tandis que ses pieds ne savent plus s’il faut appuyer ou soulager. Le talus dodu ouvre grand ses bras et offre une culbute de tous les diables à la Lotus, avant de la renverser sans ménagement. Titi ressort un peu étourdi, mais surtout consterné par cette approximation qui lui coûte très très cher.
C’est donc juste derrière que nos yeux se portent. Vers la Brabham orange de Michel Fournié, le régional de l’étape. Constant, appliqué, qui n’est pas tombé dans le piège de la lassitude d’une course solitaire, il s’offre une belle victoire (sa première !!!) et prend la tête du championnat.
Le champagne à coulé à flot dans les paddocks.
Résultat
1er : Michel Fournier (Brabham) en 55m05.222s 2ème : Dave Rainier (Ferrari) à 13.609s 3ème : Alain Terremer (Eagle) à 23.081s
Gianni, Alain et Dave sont les trois autres pilotes à avoir vu de leurs yeux vu le drapeau à damier.
La manche frigorifique française s’achève, les pilotes ont désormais la tête à l’envers, direction le pôle sud en terre australienne sur le circuit urbain d’Adelaïde.
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