Premier circuit de la saison 67, il avait cette particularité de se disputer bien avant la seconde manche, cette année-là en tous cas, puisque à peine le réveillon terminé (frugal, sûrement pour les pilotes) il fallait mettre son casque et se glisser dans la voiture. Le 2è GP avait lieu, lui, 4 mois après, à Monaco. Comme en 65, l'Afrique du sud ouvre donc le bal quatre mois avant Monaco, mais le Grand Prix se dispute pour la première fois à Kyalami. Auparavant, il avait eu lieu en 62, 63 et 65 à East London, non loin du Cap.
Ce tracé d'une longueur de 4,1 km, parcouru 80 fois était donc nouveau pour tous. Les meilleurs s'imposèrent donc aux essais, en toute logique. Clark était précédé sur la grille de Denny Hulme et Jack Brabham, les deux hommes qui allaient le devancer en fin d'année au classement général du championnat. La pôle est obtenue par Brabham en 1'28'3. Les pilotes absents du jeu et présents sur la grille de départ se nomment Love, Charlton, Stewart, Anderson, Spence, Tingle, Botha et Courage. Ils sont 18 en tout. Le meilleur tour en course sera obtenu par le futur champion du monde, Denny Hulme, seul ce jour là sous les 1'30 en 1'29'9. Cela ne suffira pas pour lui, il finira au pied du podium.
Clark, quant à lui, sera un an après jour pour jour, au lendemain de son dernier Grand Prix mais, victorieux ce jour là , le 1er Janvier 68. En ce 2 janvier 67, c'est une toute autre histoire et la Lotus fait des siennes comme bien souvent. Moteur cassé, il doit renoncer, rejoignant ainsi deux de ses opposants les plus dangereux, Hill et Stewart qui en ont fait autant au tout début de la course. La Lotus qui fait merveille dans ses mains le laisse malheureusement trop souvent en plan. Les pannes, toujours différentes, plomberont une saison 67 où Clark va pourtant optimiser les courses qu'il peut finir. 4 victoires, un podium et une 6è place ne suffisent pas à contre-balancer 5 abandons. Le titre lui échappera et Kyalami n'est pour Clark qu'un avant-goùt de ce qu'il va subir tout au long de l'année.
Le circuit sera très prisé par le championnat de F1 puisque utilisé dans la même configuration qu'en 67 dès 68 et jusqu'en 85 inclus, excepté en 81.

Le circuit 67-85 (Illustration : Stats F1)
Ultérieurement le Continental Circus n'y reviendra qu'en 92 et 93 sur un tracé un peu plus long (de 150 m) mais surtout beaucoup plus anguleux et propre à casser la vitesse. On y tourne à l'envers et plus rien n'est comme avant. Il n'y a plus aucune ligne droite digne de ce nom, et, s'il serait fastidieux de lister ce qui a changé, on est plus près de la vérité en disant qu'un nouveau circuit a été tracé sur le terrain de l'ancien. L'enchaînement de courbes souples comme des lianes fait place à des sections abruptes et sans charmes. La partie la plus jouissive ( à mon goùt ), celle où on lâche la cavalerie, du virage de Leukoop qui ramène vers les stands en passant le léger coude, The Kink, dans lequel on plonge en pleine accélération, quelle sensation, pour passer devant les tribunes et finir à pleine vitesse jusqu'au redoutable droite de Crawthorne, que l'on voit toujours arriver trop vite ( avec l'hélico qui nous surplombe sur la gauche ), tout ça donc a disparu.
Heureusement, il nous reste GPL pour y tourner encore et encore...

Le circuit 92-93 (Illustration : Stats F1)
Pour bien mesurer la différence de tracé il suffit de constater que le pôleman avait tourné à près de 237 km/h en 85 et qu'en 92, sur le nouveau tracé le premier sur la grille ( curieusement le même homme, Nigel Mansell chez Williams ) ne tournait plus qu'en à peine 203 km/h. C'est dire si la philosophie du circuit avait changé. Pour l'anecdote on comparera, avec un certain effroi, l'écart considérable entre les voitures de 1985 et celles de 67 dont le meilleur avait réalisé une moyenne de 167 Km/h à peine aux essais.
Pour en finir avec Kyalami en 67, il faut retenir la victoire finale de Pedro Rodriguez, qui obtient là la première de ses deux victoires en F1, le suit, le pilote local John Love qui permet ainsi à Cooper de réaliser le doublé, lui ayant un moteur Climax et le mexicain un Maserati. L'ancien Champion du monde de moto, John Surtees complète le podium à bord de la seule Honda du plateau, à bonne distance des deux premiers, ceux-ci étant les seuls à finir dans le mème tour.
Le Grand Prix est émaillé de nombreux abandons, soit sur accident, à deux reprises, soit sur pannes mécaniques, la forte chaleur africaine ayant eu raison, entre autre, de cinq moteurs. L'hécatombe est telle que, outre les hommes du podium, trois pilotes seulement seront classés et deux autres finiront sans l' être car ayant effectué au moins 15 tours de moins que le vainqueur. Ainsi se termine le Grand Prix de Kyalami 67, avant quatre mois de trêve pour les pilotes, pour faire d'autres types de course ou préparer au mieux un Grand Prix très différent, celui de Monaco.
Il est temps pour moi de passer à la suite et vous parler maintenant de Kyalami dans Grand Prix Legends.
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